Une vie de pacha !
Plume encore et toujours !
Il m'a bien fait rire avec ses galipettes,
et ses contorsions.
Et tout ceci rien que pour un fil !
Un fil qui sert à tirer des lignes dans le jardin...
Ma princesse arrive vers moi !
Elle adore flâner avec l'arrivée du printemps
Trois pachas sur quatre !
En attendant que poussent les graines...
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres ;
L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Charles Baudelaire (1821 - 1867)